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Les rubriques Avertissement et Nouveautés, bien sûr, ont été mises à jour, le

Blog s'est enrichi d'une nouvelle page et apparaît la rubrique "Mémoires d'un nomade" qui comme son titre l'indique, a la prétention d'être le récir d'une histoire, la mienne !

Famille PERROT

 

Les Grands-Parents

 

Côté paternel, mon grand-père, Yves PERROT,fils d'agriculteurs, né à St Pol de Léon (Finistère) le 20 mai 1878, exerça comme peintre et vitrier - et artiste à ses heures - dans sa ville natale. Je crois savoir qu'il avait reproduit pour lui-même les dessins de la grande rosace de l'Abbatiale-cathédrale de St Pol, document qui fut précieux lors de la restauration de l'ouvrage après les dégâts causés par la guerre. Marié en 1905, père de deux enfants nés en 1906 (Marie) et 1912 (Ambroise), il fut rappelé, malgré ses charges de famille, pour combattre en 1914 et devait succomber à ses blessures le jour même de ses 38 ans, le 20 mai 1916, à Dugny dans la Meuse.

 

Mon père, né donc en 1912, ne l'a que peu connu, juste le court temps précédant l'ouverture du conflit et peut-être celui d'une permission.

 

La grand-mère, une forte femme - et pas seulement parce qu'elle s'est trouvée confrontée à sa condition de veuve ayant à élever deux enfants - Jeannie CASTEL, née en 1881 - était elle aussi issue, d'une famille d'agriculteurs de Plougoulm, dans le Finistère également. Lavandière de profession, elle a, dès 1917, courageusement fait face à la situation, quittant St Pol pour Brest où elle a tenu un bar rue de Siam, à l'enseigne de "La Grappe de Raisin ", avant de se rapprocher, en 1932 de sa fille, Marie, installée dans les Ardennes avec son mari, René MEVEL, cheminot affecté au dépôt de Charleville-Mézières. Là, elle devait à nouveau ouvrir un bar où elle officiait encore à la déclaration de guerre de 39-45. Cependant, dès 1940, elle revint s'installer à St Pol de Léon, où plus tard, elle exerça ses talents de cuisinière au presbytère lors des visites de prélats et occupa son temps comme chaisière. Elle devait fermer les yeux en 1971.

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Je garde d'elle des souvenirs de vacances... des longues promenades jusqu'à la plage Ste Anne, après la traversée du Champ de la Rive, à pêcher à marée basse les coques, les couteaux (elle avait un art consommé de les saisir...), les crabes, etc... Mais aussi le souvenir de sa cuisine et notamment de sa bouchée à la reine qui trônait au menu des visites épiscopales...et de bien d'autres plats fins dont elle m'a surtout régalé durant les vacances de mon internat au Lycée de Brest l'année scolaire 1956-1957... mais ceci est une autre histoire...

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Leurs descendants

 

Pour respecter l'ordre chronologique, il faut évoquer la mémoire de la soeur aînée de mon père, Marie, née en 1906 à St Pol de Léon, repasseuse de profession qui épousa en 1926, à tout juste vingt ans, un autre finistérien, natif de Daoulas, René MEVEL, cheminot de son état qui entraîna sa jeune épouse l'année même de leur mariage à Charleville-Mézières, où il était affecté au plus important dépôt de chemins de fer du nord-est de la France.

 

Tonton René, comme je l'appelais, était mécanicien à bord d'un de ces monstres d'acier crachant force fumée et escarbilles qui entraînaient d'imposants convois de marchandises, du type de celui que conduit Jean Gabin dans "La bête humaine".

 

Et c'est grâce à cet oncle, discret, chaleureux, la bonté même... que ma mère put, en mai 1942, nous faire passer, elle et moi, la ligne de démarcation pour rejoindre Marseille d'où un bateau nous emmenait pour le Maroc, où elle rejoignait, à Rabat, ses parents chez qui nous restâmes jusqu'au retour de captivité de mon père.

René MEVEL était, comme nombre de ses camarades cheminots, un résistant actif, membre d'un réseau qui utilisait - non sans risques pour eux mêmes - les possibilités offertes par leurs déplacements permanents pour organiser le passage en zone libre de ceux qui avaient à juste raison à craindre le pire de la part des occupants.

 

Cinq ans après Marie, Mémé Poule*, c'est comme cela que nous l'appelions, nous ses petits-enfants, donnait naissance à Ambroise, mon père, qui, à deux ans a vu son père partir pour une guerre dont il ne reviendrait pas vivant.

 

Et donc, en 1917, il quittait avec sa mère et sa soeur St Pol de Léon pour Brest.

Là, il partagea son temps entre les études et le foot-ball et à l'issue de son année de première au Lycée de Brest, il décida de s'engager dès ses 18 ans dans l'armée qui ne pouvait que bien l'accueillir, lui l'orphelin de guerre.

Mais il avait une autre carte dans sa manche (ou plutôt dans ses jambes) qui intéressait l'armée : ses talents de footballeur qui en avait fait la coqueluche du Stade Brestois... et des supporters qui envahissaient "La Grappe de Raisin" pour les troisièmes mi-temps que mon père passait derrière le bar à aider sa mère.

 

Et c'est ainsi que son incorporation au 23° RIC, Régiment d'Infanterie Coloniale, Caserne des Tourelles, Boulevard Mortier à Paris (aujourd'hui siège de nos services secrets, la DGSE), se doubla d'une sélection dans l'équipe de France militaire de foot-ball !

Mais très vite l'appel du large et de l'aventure allait le saisir, comme nombre de Bretons curieux de connaître l'ailleurs..., et il quittait le port de Marseille à bord d'un transport de troupes le 1er juillet 1932 pour... la Chine !

 

Il arrivait le 5 août à Shangaï, incorporé au 16° RIC, régiment d'infanterie coloniale qui était chargé de la sécurité et la défense des résidents Français dans la Concession Française, mais pas seulement eux comme on va le voir ci-dessous.

 

 

Les Grands-Parents

 

Côté paternel, mon grand-père, Yves PERROT,fils d'agriculteurs, né à St Pol de Léon (Finistère) le 20 mai 1878, exerça comme peintre et vitrier - et artiste à ses heures - dans sa ville natale. Je crois savoir qu'il avait reproduit pour lui-même les dessins de la grande rosace de l'Abbatiale-cathédrale de St Pol, document qui fut précieux lors de la restauration de l'ouvrage après les dégâts causés par la guerre. Marié en 1905, père de deux enfants nés en 1906 (Marie) et 1912 (Ambroise), il fut rappelé, malgré ses charges de famille, pour combattre en 1914 et devait succomber à ses blessures le jour même de ses 38 ans, le 20 mai 1916, à Dugny dans la Meuse.

 

Mon père, né donc en 1912, ne l'a que peu connu, juste le court temps précédant l'ouverture du conflit et peut-être celui d'une permission.

 

La grand-mère, une forte femme - et pas seulement parce qu'elle s'est trouvée confrontée à sa condition de veuve ayant à élever deux enfants - Jeannie CASTEL, née en 1881 - était elle aussi issue, d'une famille d'agriculteurs de Plougoulm, dans le Finistère également. Lavandière de profession, elle a, dès 1917, courageusement fait face à la situation, quittant St Pol pour Brest où elle a tenu un bar rue de Siam, à l'enseigne de "La Grappe de Raisin ", avant de se rapprocher, en 1932 de sa fille, Marie, installée dans les Ardennes avec son mari, René MEVEL, cheminot affecté au dépôt de Charleville-Mézières. Là, elle devait à nouveau ouvrir un bar où elle officiait encore à la déclaration de guerre de 39-45. Cependant, dès 1940, elle revint s'installer à St Pol de Léon, où plus tard, elle exerça ses talents de cuisinière au presbytère lors des visites de prélats et occupa son temps comme chaisière. Elle devait fermer les yeux en 1971.

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Je garde d'elle des souvenirs de vacances... des longues promenades jusqu'à la plage Ste Anne, après la traversée du Champ de la Rive, à pêcher à marée basse les coques, les couteaux (elle avait un art consommé de les saisir...), les crabes, etc... Mais aussi le souvenir de sa cuisine et notamment de sa bouchée à la reine qui trônait au menu des visites épiscopales...et de bien d'autres plats fins dont elle m'a surtout régalé durant les vacances de mon internat au Lycée de Brest l'année scolaire 1956-1957... mais ceci est une autre histoire...

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Leurs descendants

 

Pour respecter l'ordre chronologique, il faut évoquer la mémoire de la soeur aînée de mon père, Marie, née en 1906 à St Pol de Léon, repasseuse de profession qui épousa en 1926, à tout juste vingt ans, un autre finistérien, natif de Daoulas, René MEVEL, cheminot de son état qui entraina sa jeune épouse l'année même de leur mariage à Charleville-Mézières, où il était affecté au plus important dépot de chemins de fer du nord-est de la France.

 

Tonton René, comme je l'appelais, était mécanicien à bord d'un de ces monstres d'acier crachant force fumée et escarbilles qui entraînaient d'imposants convois de marchandises, du type de celui que conduit Jean Gabin dans "La bête humaine".

 

Et c'est grâce à cet oncle, discret, chaleureux, la bonté même... que ma mère put, en mai 1942, nous faire passer, elle et moi, la ligne de démarcation pour rejoindre Marseille d'où un bâteau nous emmenait pour le Maroc, où elle rejoignait, à Rabat, ses parents chez qui nous restâmes jusqu'au retour de captivité de mon père.

René MEVEL était, comme nombre de ses camarades cheminots, un résistant actif, membre d'un réseau qui utilisait - non sans risques pour eux mêmes - les possibilités offertes par leurs déplacements permanents pour organiser le passage en zone libre de ceux qui avaient à juste raison à craindre le pire de la part des occupants.

 

Cinq ans après Marie, Mémé Poule*, c'est comme cela que nous l'appelions, nous ses petits-enfants, donnait naissance à Ambroise, mon père, qui, à deux ans a vu son père partir pour une guerre dont il ne reviendrait pas vivant.

 

Et donc, en 1917, il quittait avec sa mère et sa soeur St Pol de Léon pour Brest.

Là, il partagea son temps entre les études et le foot-ball et à l'issue de son année de première au Lycée de Brest, il décida de s'engager dès ses 18 ans dans l'armée qui ne pouvait que bien l'accueillir, lui l'orphelin de guerre.

Mais il avait une autre carte dans sa manche (ou plutôt dans ses jambes) qui intéressait l'armée : ses talents de footballeur qui en avait fait la coqueluche du Stade Brestois... et des supporters qui envahissaient "La Grappe de Raisin" pour les troisièmes mi-temps que mon père passait derrière le bar à aider sa mère.

 

Et c'est ainsi que son incorporation au 23° RIC, Régiment d'Infanterie Coloniale, Caserne des Tourelles, Boulevard Mortier à Paris (aujourd'hui siège de nos services secrets, la DGSE), se doubla d'une sélection dans l'équipe de France militaire de foot-ball !

Mais très vite l'appel du large et de l'aventure allait le saisir, comme nombre de Bretons curieux de connaître l'ailleurs..., et il quittait le port de Marseille à bord d'un transport de troupes le 1er juillet 1932 pour... la Chine !

 

Il arrivait le 5 août à Shangaï, incorporé au 16° RIC, régiment d'infanterie coloniale qui était chargé de la sécurité et la défense des résidents Français dans la Concession Française, mais pas seulement eux comme on va le voir ci-dessous.

 

 

Il faut peut-être, là, s'arrêter un instant sur ce qu'était une "concession" et ce qu'était celle de Shangaï à cette époque.

 

C'est en 1844 que la Chine donne pour la première fois le signe d'une ouverture du marché chinois au commerce international... et nul ne pouvait imaginer à quel point le retournement du courant des échanges allait bousculer l'économie mondiale un siècle et demi plus tard...

Ce geste se traduisit dans un traité dit de "Huangpu" signé entre la France de Louis-Philippe et la Chine de Daoguang, qui ouvrait cinq villes, dont Shangaï, alors que jusqu'alors seul le port de Canton était accessible aux occidentaux. L'un des négociateurs, Charles de Montigny, est nommé Consul de France en janvier 1847 et s'installe un an plus tard, en janvier 1848, alors même que la ville de Shangaï ne compte qu'une trentaine de Français, missionnaires ou jésuites pour la plupart qui viennent d'y couvrir le Collège St Ignace. Un négociant en vins (cherchez l'erreur !) venu de Canton sollicite l'aide du Consul de France pour développer son activité et c'est ainsi qu'en avril 1849, la France obtient la proclamation qui fixe l'ouverture et l'emplacement du territoire de résidence des Français, autrement dit d'une concession française au nord de la ville, dans une région marécageuse inhabitée de 66 hectares.

Après bien des troubles, péripéties et tentatives de reprise du territoire par des mouvements rebelles chinois, la concession agrandie de 59 hectares supplémentaires et sa voisine britannique se dotèrent de murailles de protection et de forces publiques propres, pendant que les religieux en place dans toute la Chine étaient mis à contribution pour trouver les produits chinois propres à être exportés vers l'Europe... déjà !

Malgré la poursuite de conflits nés tant en interne que venus de l'extérieur, la concession s'organisa avec Conseil Municipal, police propre (jusqu'à 3 000 agents), collecteur d'impôts, inspecteur des routes et développa ses échanges, accueillant des succursales d'établissements bancaires et exportant de plus en plus, grâce à l'arrivée des Messageries natio nales et notamment de précieuses soieries vers Lyon.

Le développement spectaculaire, avec de nouvelles extensions, se poursuivit tout au long du premier quart du XXème siècle, malgré tensions, conflits, exactions, et on vit même construire une ligne de tramway. En 1930, la concession est à son apogée et elle n'a en rien souffert de la Grande Guerre et a vu affluer les étrangers (Américains, Russes Blancs et d'autres...) qui viennent s'y installer en toute sécurité. 

En 1934, à l'époque du séjour de mon père, elle comptait près de 500 000 habitants ! Dont seulement... 1 430 Français pour 190 000 étrangers dont 8200 Russes...

Mais c'était, en raison des menaces des Japonais (le conflit de Mandchourie de 1931 avait laissé des traces et surtout des inquiétudes) l'Armée Française qui était chargée de la sécurité de la concession...et en particulier l'Infanterie Coloniale (issue de l'infanterie de Marine... les "Marsoins" à la réputation non usurpée... ).  

 

 

Ambroise PERROT devait rester à Shangaî d'août 1932 au 4 février 1935.

Comme pour d’autres périodes de son passé militaire, il est toujours resté très discret sur ce que fut ce séjour de deux ans et demi en terre chinoise dans un contexte pour le moins trouble et incertain.

Et le 5 février 1935, il embarquait sur un transport de troupes pour le voyage de retour en France où il débarquait le 13 mars 1935 pour profiter immédiatement de ses congés "cumulés" jusqu'au 3 juillet 1935 auprès de sa mère et de sa soeur, à Charleville-Mézières.

Il était alors affecté au 21° RIC à St Denis à Paris jusqu'au 8 mai 1937, date d’un nouvau départ pour l’outre-mer, mais pour le Maroc cette fois, affecté à Oujda, où il arriva le 12 mai. Il se trouva intégré cette fois au 3ème RTS (Régiment de Tirailleurs Sénégalais) et placé sous les ordres de celui qui allait bientôt devenir son beau-père, François LE SQUERE, dont on peut retrouver l’évocation de la vie dans la partie Famille LE SQUERE !

 


Comme pour chaque nouvelle affectation outre-mer, il faut rappeler quelques données sur la présence militaire en ces terres plus ou moins lointaines.

Donc, là il s'agit du Maroc et d'une garnison particulière, celle d'Oujda qui est en fait une "excroissance" de la garnison de Fès, siège du commandement du 3ème RTS.

Ce régiment avait - entre autres missions - celle de former les jeunes recrues en provenance d'Afrique Noire, avant de les affecter dans les autres régiments de tirailleurs sénégalais (il n'y avait d'ailleurs pas que des sénégalais... c'était plus une commodité de langage pour couvrir une réalité qui allait jusqu'à Madagascar !) basés en France.

 

 

Mais revenons-en à l’histoire de mon père qui, abandonnant provisoirement le foot-ball, se découvrit à l’époque du goût pour le tennis, à moins que ce ne fut pour la jeune joueuse qu’il voyait évoluer sur le court de la garnison, une certaine Louisette LE SQUERE…

 

Et, ce qui devait arriver… Ils se marièrent à Oujda le 18 avril 1939, totalement ignorants de ce que le sort allait bientôt leur réserver.

 

En effet, mon père était alors autorisé à prendre ses congés en France et le couple s’embarqua pour rejoindre Charleville-Mézières chez la grand-mère où le rappel des troupes provoqué par la mobilisation générale surpris mon père qui ne put retourner dans son unité d’origine et dut dès le 29 août 1939 rejoindre le 51ème RMIC sur ses positions.  

 

 

(à suivre...)